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Reyner Banham, 2008 [1973]:
"Une ville tout en etendue - plus de 70 miles de long -, mais sans profondeur - elle n'accuse guere plus de soixante‑dix ans d'age, a l'exception de quelques recoins d'anciennete et un petit centre qui n'a meme pas deux siecles : Los Angeles est une architecture de l'instant dans une ville de l'instant. Ses batiments sont, pour la plupart, les premiers et les seuls a s'etre jamais tenu sur la terre qu'ils occupent ; ils relevent d'une douzaine de styles differents, le plus souvent importes, exploites et abandonnes en l'espace d'une memoire d'homme. Il y a quelque chose dans sa forme, pourtant - une qualite logique, une consistance, meme - dont l'unite suffit a faire d'elle l'objet possible d'une monographie historique." [p. 9]
"Los Angeles regarde naturellement vers le soleil couchant, qui peut‑etre ici d'une beaute stupefiante - la ville a d'ailleurs donne a l'un de ses grands boulevards le nom de son spectacle vesperal favori. Mais si l'oeil peut suivre la course du soleil jusqu'a son terme, la migration vers l'Ouest, elle, eut forcement ses limites. Et c'est la, sur les plages du Pacifique, que les jeunes hommes qui faisaient route vers l'Ouest se sont arretes, c'est la que les grandes vagues de migrations paysannes d'Europe ou du Middle West se sont brisees, comme une deferlante d'espoirs tantot combles, tantot frustres. Il convient de bien saisir la puissance et la nature de ce mouvement vers l'Ouest, sans quoi on ne saisit pas les differences d'esprit qui distinguent Los Angeles de sa metropolesoeur, en Californie du nord." [p. 12]
BANHAM, Reyner. Los Angeles: l'architecture des quatre écologies. Marselha: Parenthèses, 2008, grifo do autor.
"De la multitude des prophètes qui parcourent le xxe siècle en annonçant la ville de demain, un groupe se détache qui porte une curieuse nouvelle : la ville future est déja là - elle s'appelle Las Vegas, New York ou Los Angeles. Ces propèetes du réel travaillent à réduire l'espace qui sépare l'utopie de la réalité, jusqu'à les rendre indiscernables. Ils s'appellent Venturi, Banham ou Koolhaas, et ils se sentent chez eux dans cet espace paradoxal. Mais de quelle réalité parlent‑ils ? Comment isole‑t‑on, dans le devenir du monde, les lieux censés préfigurer notre condition prochaine, et au nom de quoi ? Pourquoi élever tel phénomène a l'état de modèle ? Enfin, une fois qu'on a distingué dans le présent la part de l'à‑venir, comment l'apprécier, l'évaluer, savoir si c'est pour le meilleur ou pour le pire ? Car l'utopie a aussi ses Cassandre, ou simplement ses sceptiques. Nos prophètes du réel ne sont ni l'un, ni l'autre. Une forme de pragmatisme serait plus à même de les décrire, qui repose sur une extrême promptitude à repérer ce qui n'existe qu'à peine, et à lui donner sens - direction et signification. Ils réclament et pratiquent donc une histoire opératoire : l'écrire, c'est contribuer à transformer le sens du mot ≪ architecture ≫ et l'étendue de ses prérogatives disciplinaires. [...]" [p. 231-232]
BABOULET, Luc. Posface par Luc Baboulet. La gloire du banal. In: BANHAM, Reyner. Los Angeles: l'architecture des quatre écologies. Marselha: Parenthèses, 2008. p. 231-240, grifo do autor.